Qui est MGR ST JOSEPH CARDIJN?

QUI EST MGR SAINT JOSEPH CARDIJN?


       Né à Schaerbeek, le 13 novembre 1882, Joseph Cardijn est le second de quatre enfants.
A ce moment, la Belgique fait partie des pays les plus industrialisés et les plus prospères du monde.
       Le libéralisme économique triomphant impose toutefois des conditions de vie et de travail épouvantables
à la classe ouvrière. En réaction, le mouvement ouvrier socialiste puis chrétien s’organise
et conquiert très progressivement un droit à une vie meilleure pour les travailleurs et sa reconnaissance
dans les milieux économiques et politiques.
Les parents de J. Cardijn sont concierges à Schaerbeek. Dès qu’ils le pourront, ils regagneront Hal
d’où ils sont originaires. Ils y ouvriront un magasin de charbon.
Cardijn accomplit donc ses études à Hal, puis se prépare à devenir prêtre au séminaire de Malines.
Une fois ordonné, il étudie les sciences économiques, politiques et sociales à l’Université catholique
de Louvain. Comme de nombreux jeunes prêtres de son époque, J. Cardijn se persuade qu’il accomplira
au mieux son devoir pastoral en organisant des « oeuvres », des associations sociales catholiques
au service des milieux populaires.
      C’est dans la foulée de sa formation universitaire, qu’il a l’occasion d’accomplir des voyages d’études
entre 1907 et 1911, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en France, aux Pays-Bas.
Au cours de ces voyages, il va faire des rencontres marquantes. En Angleterre, il étudie le travail de
Kolping, l’action syndicale des Trade Unions, et le mouvement scout. En France, il fait connaissance
des cercles d’études pour adultes du mouvement Le Sillon.

    Aujourd’hui encore c’est une gageure
de vouloir présenter Joseph Cardijn en
quelques traits.
Le risque est grand d’isoler le personnage
du contexte social et politique
dans lequel il a vécu et de se focaliser
sur sa personne en négligeant les équipes
de militants et militantes avec lesquels
il a collaboré.
Lors d’une rencontre comme celle-ci
–il y était également question de
Cardijn ; elle se tenait au Collège pour
l’Amérique latine à Louvain-Leuven–
le président de la JOC Internationale
Moses Cloete proclamait : « nous ne
sommes pas Cardijnistes, nous sommes
jocistes » !
C’est donc aussi le point de vue que
nous allons prendre ici…
°°°
Joseph Cardijn : une vie au service de la jeunesse ouvrière
Luc Roussel
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     Après une tâche de professeur à Basse-Wavre, l’abbé Cardijn est nommé vicaire, à Notre-Dame de
Laeken. Nous sommes en 1912. L’idée qu’il poursuit peut prendre corps : une poignée de jeunes
apprenties dans les métiers de l’aiguille, puis des jeunes gens commencent à se grouper et à s’organiser
; à devenir des acteurs dans leur milieu. A cette époque, dans une banlieue ouvrière comme
Laeken, les femmes, les jeunes, les enfants mêmes, sont astreints au travail à domicile principalement
pour le secteur textile. Aucune réglementation ne protège ces travailleurs ; la concurrence
qu’ils se livrent entre eux permet aux fabricants de n’accorder que des rémunérations
très faibles. La guerre 1914-18 va apporter à la classe ouvrière un surcroît
de privations.
Du fait de son action auprès d’apprenti(e)s et jeunes travailleurs, Cardijn
était pris dans les milieux bourgeois pour un illuminé bon à être enfermé ;
mais cela ne l’arrête pas. Lui-même est arrêté par les Allemands à deux
reprises ; il en profite pour mettre par écrit l’essentiel de son expérience
accumulée les années précédentes.
   Durant sa période laekenoise, Cardijn affine son expérience ; il teste une
approche méthodologique qu’il utilisera plus tard : l’enquête préparatoire
au cercle d’étude et le principe de l’autonomie des jeunes travailleurs
assistés d’adultes extérieurs au milieu ouvrier.
En 1915, Joseph Cardijn devient aumônier des OEuvres sociales de
Bruxelles-Hal-Vilvorde.
A la fin de la guerre, les jeunes rentrent du front et reprennent
leurs efforts pour se grouper. Une période nouvelle commence.    La
démocratie s’élargit grâce à l’instauration du suffrage universel
masculin ; les droits syndicaux commencent à être mieux assurés.
Episode peu connu ; Joseph Cardijn participe à la création d’un parti dissident du Parti catholique
en 1919, à la manière de la tentative menée par l’abbé Daens et son frère en 1893.
Le Katholiek Vlaamsch Verbond, la fédération bruxelloise du Boerenbond et celle des syndicats
chrétiens constituent ensemble le Kristene Volkspartij. Les dissensions personnelles entre les leaders
du Parti catholique et Cardijn, l’opposition des dirigeants catholiques à voir figurer sur la liste électorale
des représentants ouvriers et paysans en ordre utile, de même que les questions linguistiques
opposant les catholiques francophones et les ouvriers chrétiens flamands ne sont pas pour rien dans
cette affaire.
Pris à partie, Cardijn affirma toujours qu’il avait joué un rôle de modérateur dans le conflit, mais on
sait par sa correspondance qu’il sollicita des candidats syndicalistes. A la différence de Daens toutefois,
Cardijn put trouver des appuis auprès des autorités ecclésiastiques et même de certains parlementaires
catholiques, heureux de voir échapper des voix flamandes au Parti Ouvrier Belge.
A près la guerre 14-18, le pape Pie XI relance l’action catholique. En son sein des laïcs catholiques
sont regroupés en associations afin de contribuer à une christianisation de la société, sous la direction
de la hiérarchie. C’est dans ce climat, que « La jeunesse syndicaliste » naît en 1919, sous l’impulsion
de Cardijn et de trois pionniers, Fernand Tonnet, Paul Garcet (Laeken) et Jacques Meert
(Schaerbeek). On relève aussi l’action de Jan Schellekens (Molenbeek) qui deviendra le premier permanent
de la future KAJ.
Cette organisation suscite toutefois la méfiance des responsables ecclésiastiques qui craignent l’émergence
de divisions entre catholiques ; comme aussi celle des dirigeants de la CSC qui n’appréciaient
pas de voir émerger à ses côtés, un mouvement organisé de jeunes syndiqués (congrès de
1923). La Jeunesse syndicaliste doit se resituer, elle se transforme et prend le nom de JOC en 1925.
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Archives Cardijn
Un congrès établit les fondements du nouveau mouvement. Le « Manuel de la JOC » sort de presse
cette année-là ; il servira de base au mouvement tout au long de l’entre-deux-guerres.
La JOC, profitant de la collaboration du clergé, connaît alors un développement extrêmement rapide,
principalement à Bruxelles et en Wallonie.
Du côté féminin, le patronage des filles de Laeken, animé par Madeleine de Roo et Cardijn ne passe
pas inaperçu. La Fédération des OEuvres sociales chrétiennes féminine désire créer une organisation
de jeunesse. Les magazines homologues « Joie et Travail » / « Lenteleven » servent de catalyseur.
Un comité provisoire décide de créer la JOCF. Cardijn intervient comme aumônier lors des premières
journées d’étude nationales de 1925. Au début des années 1930, des personnalités comme Emilie
Arnould, Marguerite Fievez, Madeleine Techy, Louise Bauthier, rejointes plus tard par Marie
Braham, vont permettre au mouvement de se développer à Bruxelles et en Wallonie. Marguerite
Fievez se rappelait à cet égard que la JOCF était très inventive dans ses moyens et ses méthodes.
En 1925, à 43 ans, Cardijn est nommé aumônier de toutes les organisations de jeunesse ouvrière par
le conseil des directeurs diocésains des oeuvres sociales. C’est cette année-là aussi que Cardijn parvient
à être reçu par le pape Pie XI ; il s’en prévaut pour faire comme si le pape approuvait le principe
de l’Action catholique spécialisée. Cela n’empêche pas le cardinal Mercier d’être préoccupé par
les risques de « séparatisme politique de la Démocratie chrétienne » (entendez le Parti catholique)
que ferait courir la JOC en rassemblant la jeunesse ouvrière. Néanmoins, en 1927, le cardinal
Mercier le décharge de la direction des OEuvres sociales de Bruxelles-Hal-Vilvorde et lui permet de
s’atteler à temps plein au mouvement jociste.
Et en 1929, le pape Pie XI qualifie la JOC de « type achevé de l’action catholique »…
Dès ce moment, le JOC essaime dans divers pays étrangers. On note des débuts d’extension de la
JOC en France à partir de 1927 ; en 1935, le mouvement est présent dans 25 pays. Joseph Cardijn
devient de la sorte la figure tutélaire de l’extension de la JOC dans le monde. Il visite différents pays
pour en asseoir les bases.
Le contexte de crise économique des années 30 n’affaiblit pas le mouvement. Au contraire, il organise
des services aux chômeurs, établit des camps pour jeunes sans emploi notamment dans la vallée
de l’Amblève et à Tourneppe dans un domaine acquis en 1931.
C’est l’aumônier général, Joseph Cardijn, qui définit la méthode et la doctrine du mouvement. L’axe
de la formation sociale, morale et religieuse : le « voir juger agir » et l’axe de la « conquête » du
milieu de travail en sont les bases. La valorisation du travail conçu comme collaboration à l’oeuvre
créatrice de Dieu et la promotion du laïcat (guidé par les ecclésiastiques) figurent parmi les caractéristiques
de ses interventions.
La crise de la démocratie et la montée de l’ordre nouveau amènent Cardijn à rejeter explicitement le
« nationalisme érigé en culte ». Les difficultés que doit endurer l’Eglise allemande sous le régime
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Archives Cardijn
nazi confortent le rejet du national-socialisme. En 1936, Cardijn condamne le rexisme en pourfendant
dans la foulée, le communisme, le socialisme et le nationalisme. Entretemps, le grand rassemblement
de 1935 au stade du Heysel fait preuve de la force des quatre branches du mouvement. Le
pèlerinage à Rome placé sous le signe de la paix doit être annulé au dernier moment, en raison du
commencement des hostilités.
Durant la guerre, les dirigeants se replient à Toulouse avant de réorganiser les activités en Belgique
occupée. Les Allemands cherchent naturellement à exercer un contrôle sur le mouvement. La JOC
essaie de s’y soustraire en s’affichant comme purement religieuse. Au printemps 1942, l’attitude des
Allemands se durcit en raison de tensions avec l’épiscopat. A Pâques de cette année-là, une descente
de police a lieu lors d’une semaine d’étude nationale. En juin, Joseph Cardijn, l’aumônier auxiliaire
Joseph Magnus, et les présidents de la KAJ et de la JOC, Jef Deschuyffeleer et Victor Michel,
sont arrêtés. Leur libération intervient trois mois plus tard.
Très surveillée, la JOC s’oppose au travail obligatoire en Allemagne et fournit des aides aux réfractaires.
Elle fait partie du réseau Socrate, créé par le gouvernement belge à Londres. Elle entretient
des relations clandestines avec des jocistes allemands, via les jocistes belges envoyés en travail obligatoire.
Après la fin des hostilités, beaucoup espèrent pouvoir construire une société nouvelle, plus sociale,
plus démocratique, mais la libération n’amène pas d’innovations profondes, si ce n’est en sécurité
sociale. Les anciens partis se reconstituent ; la guerre froide encourage l’anticommunisme en
Occident. Le centre de gravité de l’économie se déplace vers la Flandre.
Il existe pourtant des essais de rupture. La création de l’UDB, « Union démocratique Belge », parti
progressiste, lancé par des chrétiens et des socialistes, en est un témoin. Ce parti menace de diviser
les catholiques, Cardijn le condamne aussitôt. Ce qui n’empêche pas un certain nombre d’anciens
jocistes de se présenter sur les listes. Les électeurs boudent néanmoins cet essai de dépassement des
clivages. A travers cette attitude, Cardijn entend préserver l’idéal apolitique de l’Action catholique...
Ce qui compte à ses yeux, c’est le terrain éducatif et social.
Après la guerre 39-45, la percée de l’internationalisation se fait sentir. En août 45, un bureau international
est créé ; il est présidé par le britannique Pat Keegan ; le secrétariat est assuré par Marguerite
Fievez. Cardijn fait un premier grand voyage en Amérique latine. La JOC commence à avoir une
action représentative à la Conférence internationale du Travail et à l’Unesco, notamment.
En 1950, une conférence internationale est organisée à Braine-l’Alleud : 45 pays y sont représentés.
Des extension workers partent vers le Congo, le Brésil, la Bolivie, l’Afrique du Sud, l’Uruguay,
Hong-Kong.
Ace moment, Cardijn est en relations suivies avec le Vatican ; il milite pour la modification du jeûne
eucharistique, à partir par exemple de la situation de jeunes travailleuses commençant à travailler à
4h. du matin. Il exerce également des pressions très fortes à propos de la formation des prêtres.
Durant cette période, J. Cardijn est infatigable : exposés donnés aux semaines d’étude, articles et éditoriaux
dans le journal La Cité, multiples voyages en Europe et dans le monde…
On compte 24 voyages intercontinentaux ! Au long de ces voyages, il s’ouvre à l’Islam,
l’Hindouisme, au Bouddhisme ; la présence de non chrétiens dans les sections locales lui fait comprendre
que la JOC doit prendre un tournant vers l’ouverture.
Il tombe gravement malade en se rendant à Klève, en Rhénanie, à la première rencontre européenne
de la JOC. Il met plusieurs semaines à se remettre – il a 70 ans.
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Un des sommets de cette activité internationale est le « rassemblement mondial » de Rome en 1957.
Plus de 30.000 jeunes de 87 pays y sont rassemblés. Ils jettent les bases de la JOC Internationale ;
organisation reconnue par le Saint-Siège qui nomme J. Cardijn comme aumônier international.
En 1964, c’est le Rallye européen de la JOC. Des dizaines de milliers de jocistes se rassemblent à
Strasbourg. Un grand rassemblement dans un stade ponctue trois jours de travaux en séminaires. Le
Statut du jeune travailleur en Europe est proclamé, un message de Paul VI est lu. Le lendemain, la
messe finale est présidée par Cardijn.
Ce dernier occupe cette fonction d’aumônier international jusqu’en 1965,
année au cours de laquelle le pape Paul VI le sacre cardinal. Il a alors 82
ans. Ceci l’amène bien entendu à participer au concile Vatican II. Jusque
là, il était « consultant » et « expert » au sein de la Commission de l’apostolat
des laïcs, qu’il bombarde de notes tant il est insatisfait de son
orientation de travail. Il y reprend les idées parues dans le livre paru en
1963 : « Laïcs en premières lignes » (Paris, Bruxelles, Ed. Universitaires,
Vie Ouvrière, 1963) ; plaidoyer pour l’action catholique spécialisée et la
confiance en l’action des laïcs.
En 1965, il devient « père conciliaire » du fait de son élévation au cardinalat;
il obtient de faire trois interventions en séance plénière, sur les jeunes,
le tiers monde, la liberté religieuse ; mais il n’est ni théologien, ni
théoricien ; il est plus à l’aise devant un public populaire que devant un
aréopage conciliaire.
Peu à peu Mgr Cardijn diminue ses activités tout en restant actif et présent aux enjeux du monde du
travail. Son dernier combat est celui de la paix et du désarmement.
Joseph Cardijn décède le 24 juillet 1967, à l’âge
de 84 ans. Ses funérailles ont lieu à la basilique
de Koekelberg, au milieu de jocistes et anciens
jocistes, en présence du prince Albert et sous la
présidence du cardinal Suenens. Son corps
repose à Notre-Dame de Laeken.
Au fil des années, Cardijn était devenu une
sorte de mythe que l’on appelle pour faire avancer
des causes difficiles. Il avait la capacité de
dire en quelques phrases lapidaires et images
chocs, des matières complexes.
Les dernières années cependant, il éprouvait
des difficultés à s’adapter aux formes nouvelles
du mouvement jociste : la mixité, le vocabulaire,
certaines orientations…
On gardera de lui le souvenir de la puissance de
son inspiration religieuse, son acharnement à
partir des situations concrètes vécues par les
jeunes, son engagement social et son esprit
international.
Notre-Dame de Laeken - le 30 octobre 2006
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Archives Cardijn
C'est l'heure de faire vivre la JEC
 
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